Visionnaire, et maîtrisant les ficelles de ce que l’on appelle aujourd’hui le “story telling”, Joseph Pilates était un “personnage”.
Mais qui était-il vraiment ?
Suite et fin du récit d’une existence riche en rebondissements avec ce dernier épisode de la vie de Joseph Pilates.

Vous avez raté les deux premiers épisodes ? Pas de souci ! C’est par ici : épisode 1 et épisode 2.

“Return to Life – Through Contrology” 

La quête de reconnaissance

Galvanisé par son succès, Joseph Pilates n’hésite pas à parler de sa méthode comme de la “science de la contrology”.

En 1955, il réussit l’exploit de rééduquer sa collaboratrice Eve Gentry qui, atteinte d’un cancer, se voit amputée d’un sein ainsi que de tout le muscle pectoral. Elle ne peut tout simplement plus lever le bras, ce qui compromet fortement sa carrière de danseuse. En mettant au point des exercices spécifiques, il lui permettra de retrouver toute sa mobilité, contre tous les pronostics médicaux de l’époque.

Le mari d’Ève Gentry, photographe, immortalise ce petit miracle en réalisant un film de 18 minutes destiné à ce monde médical qui ne reconnaît toujours pas la méthode de Joseph Pilates à sa juste valeur.

C’est la douche froide, malgré le soutien de quelques fidèles supporters, la reconnaissance officielle qu’il attend depuis si longtemps ne viendra pas : il n’a aucun titre de thérapeute et ne peut être légitime aux yeux des scientifiques.

le coeur n’y est plus…

Le studio tourne bien, de nombreux articles louant les bienfaits de la méthode attirent une clientèle huppée. Pourtant le coeur n’y est plus, Joseph est irritable, distrait. Il délègue de plus en plus ses cours à Clara, son épouse. Il passe de plus en plus de temps à la campagne, se laisse aller à trop fumer et à trop boire. Ce tabagisme excessif, paradoxal pour un homme qui prônait l’importance de la respiration, va provoquer de graves troubles pulmonaires qui auront raison de Joseph.

Il meurt le 9 octobre 1967 dans les bras de Clara, il a 84 ans.

La méthode pilates

Sa méthode, elle, vit encore. Les “elders”, élèves assidus et collaborateurs de Joseph sont au nombre de 7 et seront à l’origine des différentes lignées d’écoles enseignant le Pilates classique. Il s’agit d’Eve Gentry, Romana Kryzanowska, Carola Trier, Ron Fletcher, Kathy Grant, Mary Bowen et enfin Lolita San Miguel, dernière elder encore parmi nous.

La Pilates Method Alliance, créée en 2001, est une association destinée à préserver l’héritage de la méthode et de garantir la qualité de l’enseignement des praticiens qui y adhèrent. En France, la FPMP joue ce rôle, forte de 350 professeurs et de plus de 20 000 élèves.

Fidèle à son amour du grand air, Joseph passe la majeure partie du voyage sur le pont du transatlantique. 

C’est là qu’il rencontre Clara Zeuner. Allemande, elle aussi, du même âge que Joseph, 43 ans. Comme lui, elle n’est pas en vacances et part loin de son pays natal commencer une nouvelle vie.

La semaine de voyage suffit à les lier pour la vie, lorsqu’ils arrivent à New-York le 21 avril 1926, c’est décidé, ils construiront ensemble le projet de Joseph, qui change désormais son prénom en Joe.

Vous avez raté le 1er épisode ? Avant de lire la suite, nous vons conseillons un petit rattrapage 🙂

Tout prêt de broadway

Ils emménagent ensemble sur la huitième avenue, dans un atelier d’artistes lumineux et haut de plafond, le lieu se prête parfaitement à l’activité sportive.

Joe ne le sait pas encore mais ce lieu a un autre énorme avantage : la proximité de Broadway, haut lieu du spectacle vivant.

Il commence à se faire remarquer dans Manhattan lors de ses séances quotidiennes de jogging uniquement vétu de son maillot de bain. Toujours selon ses principes, il est bon d’exposer son corps aux éléments afin de le renforcer, le raffermir, l’assainir. Ce n’est pas un excentrique de plus qui dérange le quartier de Manhattan, surnommé à l’époque “the hell’s kitchen”.

Durant 3 ans, la liste de ses clients s’allonge malgré la rudesse de ses méthodes et le peu d’anglais qu’il consent à parler. Il travaille aussi à améliorer le réformer, le Modifie au fur et à mesure qu’il invente de nouveaux exercices. Il obtient le statut de citoyen américain en juin 1929, l’allemand un peu fou qui répare les corps et rend fort les faibles est enfin à sa place.

le succès tant attendu

Cette année sera aussi celle d’une rencontre décisive qui lui ouvrira les portes du monde de la danse : Ruth Saint Denis.

Considérée comme une star à Broadway, Ruth est une pionnière de la danse moderne. Blessée au genou, sa carrière est compromise. Après un an de cours chez l’allemand en slip, non seulement ses douleurs ont disparu mais elle a en plus retrouvé sa souplesse et sa taille de jeune fille.

Les danseurs de Broadway se pressent maintenant aux portes du studio, c’est le succès tant attendu.

Katharina Hepburn, Vivien Leigh ou encore Georges Gerschwin…

Il invente la chair en 1930, elle sera définitivement brevetée en 1932. Un article paru en 1934 dans le “Reader’s Digest” contribue  grandement à la renommée de la méthode. Les stars de l’époque se pressent alors pour essayer ces curieuses machines si prometteuses : Katharina Hepburn, Vivien Leigh ou encore Georges Gerschwin font maintenant partie de la clientèle du studio.

“Your Health”, premier ouvrage

1934 verra aussi la parution du premier ouvrage de Joseph Pilates : “Your Health”.

L’avant propos est clair : “Toutes les nouvelles idées sont révolutionnaires et lorsque la théorie qui les sous-tend est confirmée par la pratique, il ne reste qu’à leur laisser le temps de se développer et de fleurir. De telle idées révolutionnaires ne peuvent tout simplement pas être ignorées. (…) La vérité prévaudra et c’est pour cela que je sais que mes enseignements atteindront les masses et seront finalement acceptés comme universels.”

L’introduction du livre est tout aussi explicite :

“Un équilibre parfait entre corps et esprit est la qualité de l’homme civilisé qui (…) lui procure tous les pouvoirs physiques et mentaux indispensables pour atteindre le but de l’humanité – la santé et le bonheur.”

“L’auteur de ce livret tente d’enseigner au lecteur en des termes simples comment corriger notre déplorable système d’éducation physique et moral actuel, et de permettre à chacun d’atteindre la forme physique nécessaire pour accomplir ses tâches quotidiennes grâce à une bonne compréhension de son corps.”

Joseph Pilates met en évidence le lien entre l’activité physique et le bien-être général : un esprit sain dans un corps sain.

Toucher “la race humaine”, rien de moins !

Ses conseils vont au-delà de la pratique sportive, encore une fois, il fustige ces professeurs, scientifiques ou médecins qui ne sont pas capables d’être eux-mêmes en bonne santé, ces passants flasques au dos voûtés, ces mères de familles qui “emmaillotent” leurs bébés, leur “farcissent” l’estomac et, plus tard, les empêchent de jouer, les obligeant à rester à l’intérieur assis sur des chaises inconfortables.

Encore une fois, son objectif ne se limite pas aux sportifs, il veut toucher “la race humaine”, rien de moins.

La suite au prochain épisode…

Il peut être difficile pour quelqu’un désirant essayer le Pilates de choisir son cours et surtout son enseignant, tant l’offre est à la fois vaste et peu lisible… Voici quelques conseils sincères pour ne pas se tromper et pratiquer en toute sécurité.

Le Pilates n’est pas un sport (tout à fait) comme les autres
En petits groupes, nécessairement
Pourquoi enseigner sur machines demande une formation spécifique ?
Pourquoi vérifier le niveau réel de votre futur prof ?
Quelques repères pour bien choisir son prof de Pilates
Haute couture ou prêt-à-porter ? Les 2 !

On peut évidemment pratiquer dans un studio exclusivement réservé au Pilates mais les tarifs peuvent parfois sembler excessifs par rapport à d’autres offres. Quid des clubs de sport généralistes, associations ou autres offres en ligne permettant de pratiquer chez soi parfois même gratuitement ?

le Pilates n’est pas un sport (tout à fait) comme les autres

Pour pouvoir faire son choix, il est important de rappeler les principes fondamentaux de la méthode Pilates : respiration, centre, fluidité, contrôle, concentration, précision, coordination et développement uniforme du corps.

Comme vous pouvez le constater, les capacités que le Pilates cherche à développer dépassent largement la simple prise de masse musculaire ou le travail du cardio…

C’est en cela que le Pilates n’est pas un sport comme les autres.

Joseph Pilates était en recherche de l’équilibre entre le corps et l’esprit, persuadé que l’un n’a pas plus d’importance que l’autre. Il décrit ainsi l’importance de la concentration :

“Concentrez-vous sur la justesse des mouvements, à chaque fois que vous pratiquez, sous peine de mal les faire et de perdre tous les bienfaits vitaux qu’ils peuvent apporter.”

De plus, les enseignements de Joseph Pilates étaient accompagnés d’instructions très précises concernant le placement, l’alignement, la posture, la trajectoire de chaque partie du corps en mouvement. C’est cette précision qui va permettre de mouvoir sa jambe avec les muscles antérieurs ou bien postérieurs, de choisir quel groupe musculaire on veut solliciter de façon à toujours le relier au “centre”. C’est cette précision qui vous permettra de “sentir” qu’un groupe musculaire est connecté et autorise du coup plus d’amplitude, de mouvement.

En petits groupes, nécessairement

Il est donc aisément compréhensible qu’un tel niveau d’exigence soit difficilement atteignable lorsqu’on est seul face à une vidéo, sans pouvoir poser de questions, sans être guidé et corrigé par un oeil expert.

Les professeurs formés dans les écoles de Pilates classique possèdent cette expertise. 

Ils ne pratiquent pas en même temps que leurs élèves mais observent, guident, corrigent soit par la voix, soit par le toucher, dans ce souci de précision que requiert la méthode. 

Il est évident également qu’un professeur seul enseignant à un trop grand nombre d’élèves simultanément risquera de passer à côté d’éventuelles mauvaises postures. Un cours de Pilates avec un trop grand nombre d’élèves ne peut pas se prétendre être un cours de pilates. C’est un cours de gym. Au titre d’exemple, nos cours collectifs en studio se limitent généralement à six élèves.

Un formation spécifique pour ensigner sur “machines” 

D’autre part le Pilates se pratique aussi et surtout sur des machines inventées par Joseph Pilates lui-même. Il en existe 3 principales, le Réformer, la cadillac et la chair.

Enseigner sur machines (reformer, cadillac, chair) demande des compétences particulières qui ne sauraient s’acquérir sans une formation dédiée et sérieuse. Ce qui explique aussi la différence de tarifs entre un club généraliste qui se contente parfois de mettre un dvd en lecture devant une trentaine de clients abandonnés à eux-mêmes et un studio qui vous fera pratiquer sur des machines adaptées à 3, 4 ou 5 personnes maximum en toute sécurité.

Vérifier le niveau réel de votre futur enseignant, c’est garantir votre propre sécurité

Avant d’enseigner le Pilates, il faut d’abord se former… sérieusement. 

Et en la matière, on peut dire que qu’il est bien difficile pour un élève d’y voir clair tant il existe de formations, des pires aux meilleures, qui  sont aussi diverses que les cours eux-même. L’offre va de formations en ligne bon marché de quelques week-ends à des formations de plusieurs années en présentiel.

Au final, toutes ces offres permettront à ceux qui les auront suivi de se dire “professeur de Pilates”. Il est même possible de donner des cours de Pilates sans avoir jamais suivi aucune formation.

Vérifier le niveau réel de votre futur enseignant, c’est donc garantir votre propre sécurité.

N’hésitez donc pas à demander à votre enseignant quel type de formation il a reçu ! s’il propose des cours au sol (mat pilates) et sur machine, vérifiez qu’il a bien reçu une formation pour chacune de ces spécialités car un bon professeur de “tapis” (mat pilates au sol) n’est pas forcément formé pour utiliser des machines.

Il en faut effectivement pour tout le monde mais il est important de garder à l’esprit que la qualité a un prix et qu’en ce qui concerne la pratique sportive, la qualité de l’enseignement est aussi synonyme de sécurité.

Quelques repères pour choisir son professeur de Pilates

• Inquiétez-vous d’un enseignant qui n’est pas capable de vous dire de quelle école il est issu et/ou qui n’affiche pas ses diplômes avec le nombre d’heures de formation.
• Choisissez un professeur certifié dont la formation est-elle même reconnue par Pilates Method Alliance (la PMA est une association internationale à but non-lucratif dédiée à la préservation et au développement de l’héritage de Joseph et Clara Pilates).
• Vérifiez que sa formation correspond bien aux cours proposés. Si vous faites du Pilates prénatal, par exemple, assurez vous de sa légitimité. Idem pour les cours sur machines.

• Un enseignant de niveau intermédiaire doit être en mesure de prouver qu’il a effectué un cursus d’au moins 450 heures.
• Un enseignant de niveau intermédiaire “Plus” (Niv III) doit être en mesure de prouver qu’il a effectué un cursus d’au moins 600 heures.
• Un enseignant de niveau Advanced Teacher (Niv V)  doit être en mesure de prouver qu’il a effectué un cursus d’au moins 950 heures ou deux années complètes.

Les BP JEPS et CQP ALS sont des diplômes d’état obligatoires pour enseigner une activité sportive contre rémunération en France (il faut donc avoir l’un des deux pour enseigner le Pilates en toute légalité) mais leurs cursus n’a rien de commun avec une formation en Pilates classique. Posséder d’un BP JEPS ou un CQP ALS ne fait pas de son titulaire un professeur de Pilates.

Par ailleurs, ne vous laissez pas impressionner par le terme “Pilates Master” ou “Master Pilates”. Il  ne correspond à aucun niveau d’enseignement car le Master s’obtient sans passer d’examen.

Haute couture ou prêt-à-porter ? Les 2 !

Mais ne soyons ni snobs, ni sectaires. Si le Pilates classique peut être considéré comme une approche “haute couture”, nous nous réjouissons que de plus en plus de professeurs et de coachs sportifs souhaitent intégrer cette démarche à leurs enseignements. Et c’est avec beaucoup de plaisir que nous les recevons et les accompagnons chaque fois vers un Pilates un peu plus précis. Car participer à la transmission de notre discipline au plus grand nombre fait partie de notre mission dans la continuité de celle de Joseph Pilates.

Si aujourd’hui une grande partie de la population connaît la méthode Pilates, peu connaissent son inventeur.

Mais qui était vraiment Joseph Pilates ? 

Pour vos lecture de l’été, après les fondamentaux du Pilates, je vous propose cette biographie en 3 épisodes.

un livre d’anatomie deviendra son livre de chevet

Né en 1883 dans la ville de Gladbach, à l’ouest de Düsseldorf, il va se passionner dès le plus jeune âge pour l’anatomie, le mouvement. Il observe énormément. Il est fasciné par les corps des autres enfants qui jouent au ballon : leur muscles, leur agilité, la respiration. Il commence déjà à se demander pourquoi l’homme adulte perd cette aisance, cette souplesse. Il passe également des heures à observer les animaux. Les prouesses des lièvres, chats, écureuils fascinent le petit Joseph qui les observe minutieusement dès qu’il en a l’occasion. De très faible constitution dans ses jeunes années, il mettra tout en oeuvre pour conjurer le sort. Il suit assidûment les cours de sport prodigués par son père et devient boxeur. Il admire les gymnastes et autres sportifs solides et musclés, il deviendra comme eux, et plus encore.

À 12 ans, sa petite soeur décède. Lors des visites du médecin, Joseph observe avec un grand sérieux tous les gestes de ce dernier. L’ayant remarqué, il offrira au jeune homme un livre d’anatomie qui deviendra son livre de chevet. Joseph l’apprendra par coeur, cette parfaite connaissance du corps humain annonce les prémices de ses futures théories.

Dès 14 ans son acharnement sportif porte ses fruits, fini le Joseph Pilates malingre et chétif, il fait maintenant de son corps son propre objet d’études, une vocation est née.

Il se concentre sur son objet d’études : son propre corps

Il perd sa mère en 1901, son père abandonne tous les enfants, Joseph se retrouve seul à ses 17 ans. 

Enchaînant les petits boulots, il se concentre surtout sur son objet d’études : son propre corps.

Il se marie en 1904. De cette union naîtra une fille qui va rapidement devenir la nouvelle obsession de Joseph. Dès son travail fini, il rentre à la maison observer ce bébé et imiter ses mouvements. Allongé sur le dos, bougeant bras et jambes,  il s’esquisse dans son esprit la notion de “centre”, cette mobilisation des abdominaux profonds. Il est également fasciné par sa souplesse, sa tonicité et la droiture de sa colonne vertébrale. 

Pendant les années qui suivent, il continuera à s’entraîner assidûment et à étudier les différentes méthodes de culture physique de ses contemporains afin de parfaire son savoir.

interné dans un camp de prisonniers allemands sur l’île de Man

1913 sera une année charnière pour Joseph Pilates. Son épouse, Maria, décède à l’âge de 31 ans. Il décide alors de placer ses enfants chez ses grands-parents et de changer de vie, il part vers l’angleterre.

Il y travaillera dans un cirque, sera ensuite serveur avant d’être arrêté en 1914 en raison de sa nationalité. Il est interné dans un camp de prisonniers allemands sur l’île de Man.

C’est le camp le plus grand de toute la Grande-Bretagne, les conditions de vie y sont déplorables. La pluie incessante, le froid, la promiscuité mettent l’esprit et le corps des hommes à rude épreuve. Pourtant un homme arrive à tourner cette situation à son avantage. Joseph Pilates voit chez ses camarades d’infortune un vivier de cobayes qui ne demandent qu’à suivre ses conseils. Joseph fait maintenant partie du club de boxe du camp, il devient leur entraîneur.

une idée qui restera sa marque de fabrique : utiliser les ressorts des lits pour accompagner le mouvement

Les hommes ont besoin de s’évader, ils y parviennent un peu en suivant les enseignements de Joseph Pilates qui va les faire gagner en souplesse, en force, physique et mentale. Devant le nombre grandissant de volontaires, il réalise qu’il aura du mal, seul, à corriger et à aider tous ses élèves pendant la pratique des exercices. Il lui vient alors une idée qui restera sa marque de fabrique : utiliser les ressorts des lits pour accompagner le mouvement, permettre plus d’étirement ou donner de la résistance pour stimuler l’engagement musculaire.

Emigrer vers les États-Unis pour fuir le climat pesant de l’Allemagne d’entre-deux guerres

La guerre terminée, Joseph Pilates rentre en Allemagne en 1919. 

Il se remarie et monte une école de boxe, continue lui même à combattre avec succès malgré ses 36 ans. Dès 1922, il met au point ses premiers appareils, directement inspirés des essais réalisés dans le camp. Il dépose en 1924 un brevet pour une machine qui deviendra le Reformer. 

Au cours d’un match de boxe à Hambourg, il rencontre Nat Fleischer, journaliste sportif américain qui lui conseille d’émigrer vers les États-Unis pour fuir le climat pesant de l’Allemagne d’entre-deux guerres.

Encore un départ, un nouveau changement de vie, définitif cette fois. Il abandonne sa femme, qu’il ne voit plus depuis 3 ans, ainsi que ses 2 filles.

Il quitte l’allemagne le 14 avril 1926, 500 dollars en poche.

La suite au prochain épisode…

“La forme physique est la première condition du bonheur”

C’est par ces mots que commence l’ouvrage de Joseph Pilates “Return to life through contrology”.

C’est également dans ce livre qu’il présente en 1945 les 34 exercices qui constituent la base du Pilates sur tapis tel que nous le pratiquons aujourd’hui. Ces exercices doivent être réalisés en accord avec les 8 principes fondamentaux suivants :

La Respiration

“La respiration est la première et la dernière action. Notre vie en dépend.”

Joseph Pilates considérait la respiration comme primordiale dans la vie ainsi que dans l’exécution des exercices. Il utilisait la métaphore du soufflet pour décrire la façon de remplir et de vider pleinement nos poumons, apportant l’oxygène nécessaire à la régénération de nos cellules, engageant nos abdominaux et permettant de les “connecter” au diaphragme ainsi qu’au périnée, en un mot : le “centre” ou “powerhouse”.

Le Centre

D’un point de vue anatomique, il s’agit de la zone abdominale, entre le périnée et les côtes les plus basses, incluant les muscles du bas du dos. Quand ce “centre” est engagé, le dos est soutenu, la posture alignée et l’énergie qui permet le mouvement peut “partir” de ce centre ou “revenir” vers lui.

On peut aussi voir ce centre de façon plus mentale, comme une image de ce qui nous permet de nous “recentrer”, de nous aligner…

Lors de notre pratique du Pilates, nous tâcherons de relier tous nos mouvement à notre centre.

La Concentration

Joseph Pilates était en recherche de l’équilibre entre le corps et l’esprit, persuadé que l’un n’a pas plus d’importance que l’autre. Il décrit ainsi l’importance de la concentration :

“Concentrez-vous sur la justesse des mouvements, à chaque fois que vous pratiquez, sous peine de mal les faire et de perdre tous les bienfaits vitaux qu’ils peuvent apporter. Bien exécutés et maîtrisés au point de devenir des réactions inconscientes, ces exercices se reflèteront dans la grâce et l’équilibre de vos activités quotidiennes.”

Cette concentration permet de porter toute son attention à ce que l’on fait avec son corps, d’avoir un contrôle mental complet sur ce dernier.

Le Contrôle

La méthode que l’on connaît aujourd’hui fut baptisée “contrology” par Joseph Pilates. Ce nom faisait écho au concept selon lequel l’esprit doit diriger et gérer chaque mouvement musculaire distinct. 

“Idéalement, nos muscles devraient obéir à notre volonté. Notre volonté ne devrait pas être dominée par des réflexes musculaires”

L’exercice physique permet ainsi de “muscler” son cerveau en améliorant la concentration et l’attention, inversement, cette concentration améliore la qualité de nos exercices de Pilates.

Le Développement Uniforme du Corps

Au contraire de bon nombre de pratiques sportives, les exercices Pilates sollicitent l’ensemble du corps en même temps.

Lorsque l’on travaille les jambes, par exemple, le buste, les épaules, les bras sont actifs et vont permettre la stabilité du haut du corps, ce qui évitera de “compenser” le travail avec une autre partie du corps. Il est également très important de bien répartir le travail musculaire entre muscles profonds (servant souvent à stabiliser la posture) et muscles superficiels (plutôt destinés au mouvement). Ces muscles profonds étant souvent délaissés au profit des superficiels, plus satisfaisants car apparents, on constate souvent des déséquilibres chez les sportifs, pouvant occasionner des pathologies tendineuses, musculaires ou squelettiques.

“Ainsi, lorsque tous vos muscles seront correctement développés, il vous deviendra évident d’effectuer votre travail avec un minimum d’efforts et un maximum de plaisir”.

La Fluidité

Joseph Pilates était boxeur et une grande partie de sa clientèle new-yorkaise venait du monde de la danse. Ces deux sports ont en commun la fluidité du mouvement.
Ce qui apparaît plus comme de l’élégance ou de la grâce chez les danseurs servira au boxeur dans sa puissance et son aisance de déplacement.

La fluidité sera peut-être la capacité la plus longue à obtenir car on ne peut la travailler que lorsque le mouvement est tellement répété qu’il devient intuitif, naturel, qu’il est mémorisé par le corps.

La Précision

Les enseignements de Joseph Pilates étaient accompagnés d’instructions très précises concernant le placement, l’alignement, la posture, la trajectoire de chaque partie du corps en mouvement.
C’est cette précision qui va permettre de mouvoir sa jambe avec les muscles antérieurs ou bien postérieurs, de choisir quel groupe musculaire on veut solliciter de façon à toujours le relier au “centre”.
C’est cette précision qui vous permettra de “sentir” qu’un groupe musculaire est connecté et autorise du coup plus d’amplitude, de mouvement.

La Coordination

“La contrologie est la coordination complète du corps, de l’esprit et du mental”

Cette phrase de Joseph Pilates nous révèle le but ultime de sa méthode. 

La coordination existe dans le mouvement entre les différents membres, je bouge la jambe droite et la bras gauche puis l’inverse par exemple. À ce niveau une bonne coordination nous permet de nous mouvoir avec aisance. Elle existe aussi entre la respiration et le mouvement, les deux sont étroitement liés et s’ils sont au diapason, le mouvement gagnera en facilité d’exécution et en précision.

Enfin, lorsque l’on arrive à coordonner les muscles profonds, qu’on parvient à les faire travailler en synergie, on arrive à mouvoir nos membres de façon fluide. Cette interaction permet de mobiliser les muscles à un moment précis et avec l’intensité nécessaire.